biodiversite | 05/02/19

Apiculture urbaine : ses vertus et ses limites

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La filière apicole a vocation à se structurer toujours plus. Aujourd’hui, on compte environ 55 000 apiculteurs pour 1 360 000 colonies. La taille des ruchers est très variable, et un apiculteur est considéré comme professionnel à partir du moment où il gère un rucher de plus de 50 ruches.

 

Depuis une dizaine d’années, de nombreuses entreprises ont franchi le pas en installant des colonies sur leur site. Ces projets, accompagnés d’animations et de communication, présentent de nombreux bénéfices pour les entreprises : prise de conscience et prise en compte des enjeux environnementaux, création de lien social, bien-être au travail, reconnexion à la nature, etc… L’abeille est un formidable levier ! L’organisation d’événements autour des ruches (récolte et dégustation de miel, initiation à l’apiculture, etc.) crée une vraie émulation en interne et un sentiment de fierté d’appartenance à l’entreprise fort. Ces ruchers pédagogiques servent également de tremplin vers la prise en compte par l’entreprise des enjeux biodiversité plus globaux.

Cependant, l’abeille ne peut être LA réponse à la perte de biodiversité que nous connaissons ou à la réintroduction de nature en ville. La plupart des apiculteurs travaillent par ailleurs avec des souches domestiquées. Des croisements génétiques sont effectués avec les sous-espèces depuis des centaines d’années, et c’est un élevage uniformisant le vivant qui se met en place. L’objectif de ces sélections est de privilégier les abeilles les plus productives en miel et les plus dociles (affaiblissant par la même occasion leurs défenses immunitaires).

 

Des effets secondaires à surveiller

Dans le même temps, l’implantation de ruchers en ville peut vite déséquilibrer un écosystème déjà fragile. L’implantation de dizaines de milliers de pollinisateurs sur un même périmètre va créer une compétition alimentaire entre les espèces. Beaucoup l’ignorent, mais la France compte près de 960 espèces d’abeilles dont une seule est connue : l’Apis mellifera, une abeille domestiquée, vivant en colonie, et produisant du miel. Le reste du cortège est constitué d’abeilles solitaires, se développant par leurs propres moyens, construisant leurs nids dans des matériaux naturels (cavités, bois morts, terre, etc.) et se nourrissant des mêmes ressources que l’abeille domestique, du pollen et du nectar ! Ces pollinisateurs méconnus ne feront donc pas le poids face à une armée allant de 50 000 à 80 000 individus par colonie.

Cependant, ce constat n’est pas définitif ! En privilégiant un rucher de taille modérée, en faisant des efforts sur son environnement proche (variétés florales mellifères – produisant pollen et nectar -, floraisons étalées toute l’année – et pas seulement au printemps-, espaces sanctuaires pour conserver des matériaux naturels utiles pour les habitats, nichoirs artificiels pour permettre aux pollinisateurs sauvages de se développer), et surtout par de la pédagogie, il est possible de rééquilibrer la situation. La compétition s’en verra diminuée, et la prise de conscience et l’éveil du public renforcés. Chacun comprendra ainsi qu’il est primordial de conserver le vivant de façon diversifiée (que ce soit pour la faune et la flore) afin de ne pas dépendre que d’une seule espèce, et permettre ainsi un équilibre naturel et pérenne.

 

Laetitia LEGER, Consultante Biodiversité

 

Sources :

 

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