mobilite | 27/01/20

Plan vélo en Île-de-France et à Paris

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Alors que la Région Île-de-France et la ville de Paris voient leur Plan Vélo s’achever, l’heure est au bilan. Pour remplir leurs objectifs, celles-ci doivent accélérer les travaux.

 

Paris : dernière année pour rattraper les retards

À son lancement, le Plan-Vélo 2015-2020 affichait l’objectif suivant : faire de Paris une capitale mondiale du vélo. 150 millions d’euros ont été levés pour doubler la longueur des voies cyclables d’ici la fin 2020. Parmi les projets annoncés, la création d’un Réseau Express Vélo (REVe) a beaucoup fait parler d’elle. Celui-ci prévoit la construction, en cinq ans, d’aménagements protégés à double sens sur les axes Nord-Sud et Est-Ouest ainsi que sur les berges de Seine, afin de relier les bois de Vincennes et de Boulogne. Plusieurs « réseaux structurants » s’organiseront autour du REVe afin d’assurer une couverture fine du réseau cyclable, sans coupure. 10 000 places de stationnement supplémentaires ont également été annoncées.

Le Plan Vélo touche à sa fin et l’heure du bilan approche. Plusieurs aménagements ont réellement amélioré les conditions de circulation en vélo. Par exemple, la nouvelle piste, à double sens, de la rue de Rivoli reliant le métro Saint-Paul au boulevard Sébastopol et la place de la Concorde à la Bastille, est une nette amélioration. On peut également se rendre en vélo du boulevard Arago à la Porte de Vanves en circulant uniquement sur pistes cyclables. Il est aussi possible de contourner le rond-point de l’Etoile à vélo en évitant les véhicules. On pourrait ainsi multiplier les exemples. Enfin, les grèves de fin décembre 2019 auront permis d’augmenter fortement la fréquentation des aménagements cyclables, confirmant ainsi l’engouement des parisiens pour le vélo. Celle-ci est allée jusqu’à tripler sur certains axes de la capitale (Le Monde, 9 décembre 2019). L’exemple du Quai d’Orsay est révélateur : tandis que d’ordinaire, un mardi de décembre, environ 2000 vélos passent sur la piste, le mardi 10 décembre a rassemblé 10 000 vélos, soit cinq fois plus (BFM TV, 12 décembre 2019).

Toutefois, selon l’Observatoire du Plan Vélo, seuls 42% des aménagements cyclables réalisés respectent les objectifs fixés. Les portions jugées satisfaisantes se trouvent le long de la Seine, dans le centre, entre Bastille et la place de l’Etoile, et sur l’axe boulevard Sébastopol – boulevard de Strasbourg – rue du faubourg Saint-Martin. Même si le schéma directeur du REVe a été, dans son ensemble, bien respecté, des inégalités territoriales fortes demeurent. Les portions jugées insatisfaisantes se trouvent majoritairement en périphérie de la ville : allée de Longchamp – Bois de Boulogne ; boulevard Berthier ; avenue de Clichy ; avenue Daumesnil (portion Vincennes). Plus on s’éloigne du centre parisien, plus il est difficile de circuler en vélo.

Autre inquiétude, 44% des infrastructures cyclables n’ont pas encore été réalisées alors même que le mandat touche à sa fin… Par ailleurs, le déploiement des « zones 30 » (vitesse inférieure à 30km/h) n’est entamé qu’à moitié.

Projet ambitieux et aux bénéfices éprouvés, le Plan Vélo n’a donc pas encore rempli ses objectifs. Toutefois, même si Paris ne se fera pas surnommée « capitale du vélo » d’ici un an, la « révolution vélo » est définitivement enclenchée. La priorité immédiate est de solutionner les neufs dysfonctionnements relevés par l’Observatoire sur les nouvelles portions aménagées (interruption et régression de pistes, portion dangereuse, etc.).

 

Région Île-de-France : des réalisations inégalement réparties sur le territoire

La région Île-de-France a elle aussi lancé son Plan Vélo en 2017 ; celui-ci se terminant en 2021. D’ici là, la région prévoit un triplement des déplacements à vélo par rapport à 2010. L’intervention régionale est ciblée en priorité sur les collectivités via la diffusion d’un document stratégique intégrant une réflexion globale sur le maillage, les services et la promotion du vélo. À l’échelle territoriale, cette feuille de route se décline en un plan opérationnel à court terme pouvant être subventionné par la région. Celle-ci se dit ainsi prête à subventionner les services à destination des cyclistes (études, investissement matériel, etc.), les aménagements de voirie, de stationnement, le jalonnement, le suivi et l’évaluation des actions entreprises.

La région prévoit également de faciliter l’usage du vélo dans les déplacements quotidiens à travers le déploiement de services. En partenariat avec Île-de-France Mobilités, la région IDF souhaite augmenter le nombre d’espaces de stationnement, en plus des stations de Véligo. Un calculateur d’itinéraires cyclables est déjà intégré à l’application ViaNavigo. En septembre dernier, la région a inauguré « Véligo location », service de location longue durée de vélos à assistance électrique (VAE), à partir de 40€ par mois. Et pour les Franciliens souhaitant investir dans un VAE, Île-de-France Mobilités leur accorde une aide pouvant aller de 500 à 600 euros. Enfin, quelques services de proximité sont en cours de déploiement à travers la région (ateliers de réparation, vélo école…).

 

Deux ans et demi après son lancement, quel bilan peut-on dresser du plan vélo régional ? L’Institut Paris Région a évalué l’état des aménagements cyclables en Île-de-France. 5 835 kilomètres d’aménagements cyclables ont été relevés début 2019. « L’essentiel de ces réalisations se concentre dans les espaces urbanisés, en petite couronne et dans les polarités urbaines de grande couronne. En revanche, de nombreuses petites villes, bourgs, villages, sont dépourvus d’aménagements cyclables ». De plus, 40% des aménagements existants sont hors voirie, sur des chemins mixtes ou voies vertes, partageant l’espace avec les piétons. Les trois quarts d’entre eux se trouvent en grande couronne et sont majoritaires en Seine-et-Marne. Autre difficulté : 3 600 kilomètres de voies de circulation apaisées (zones 30 et zones de rencontre) ne disposent d’aucun aménagement dédié aux vélos (ni bande, ni piste, ni même un pictogramme vélo au sol). Sur ces voies, les cyclistes partagent donc la route avec les véhicules motorisés. Beaucoup de villes, pôles urbains et petites communes, choisissent cet aménagement peu coûteux, facile à réaliser et qui est souvent synonyme d’embellissement du centre-ville.

Du point de vue des améliorations, l’Institut Paris Région souligne une progression du réseau cyclable structurant (RCS), couvrant le territoire régional par un ensemble d’itinéraires continus et maillés. Celui-ci est passé de 900 kilomètres en 2010 à 2050 kilomètres fin 2015.

 

Anna QUENNEVILLE – Consultante Mobilité Durable

 

Sources :

 

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