biodiversite | 23/06/20

Pourquoi on s'en fout de la biodiversité ?

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C’est une question à laquelle on aimerait bien répondre ! L’idée selon laquelle la destruction de notre environnement menace l’équilibre de la vie n’est pourtant pas récente. Le naturaliste Jean Dorst a écrit en 1965 « Avant que nature meure », où il alertait déjà du risque que cela impliquait. Il reprenait à son compte l’expression de capital naturel et craignait par-dessus tout la destruction des espèces vivantes, l’usage abusif des antiparasitaires, et l’érosion artificielle des sols.

 

Jean Dorst n’était pas le premier à vouloir protéger la nature et prévenir les dangers menaçant l’homme et les autres espèces vivantes. Avant lui, le biologiste Julian Huxley (1887-1975), avait prononcé un discours à l’ouverture de la Conférence de Fontainebleau en 1948, pour le lancement de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) où il a déclaré que « la prolifération de l’homme doit prendre la seconde place par rapport à la préservation des autres espèces ».

Malgré ces nombreuses alertes, dans un rapport publié en 2019, des scientifiques ont constaté aujourd’hui qu’un million d’espèces, sur un total estimé à 8 millions, est menacé d’extinction et la plupart d’entre elles disparaîtront dans les décennies à venir. Certaines ONG s’insurgent face à l’inaction des politiques sur les enjeux environnementaux globaux. On peut par exemple citer la campagne de Green Peace « Face à l’urgence climatique, les discours ne suffisent pas ».

 

Pourquoi tant d’inaction ?

Car la biodiversité ce n’est pas du concret. L’argent est le nerf de la guerre, et il est évident que la biodiversité nous en rapporte, elle fait d’ailleurs souvent l’objet d’étude de monétarisation, mais les liens sont rarement identifiés par les différents acteurs. Pour certains, la biodiversité se résume à l’ours polaire et le panda. Certes, ce sont des symboles montrant de manière évidente l’impact de l’homme sur la destruction des écosystèmes, mais la biodiversité ne se résume pas à cela. C’est l’ensemble de la vie sur Terre, l’ensemble des espèces et leur variabilité génétique, de l’invisible (bactérie, champignon, virus…) au visible (plante, animaux non humains et bien évidemment, nous). Mais ce n’est pas tout, la biodiversité comprend aussi l’ensemble des écosystèmes, du plus petit (cellule par exemple) au plus grand (océans, forêts…) et toutes les interactions qu’ils comprennent et qui permettent le précieux équilibre naturel. Aussi, le fait que les efforts à faire sont importants, à toutes les échelles et nécessitent un changement de fond de nos modes de vie actuel, freine de manière évidente la mobilisation massive.

 

Pourtant, nous sommes les premiers concernés par l’importance de la protéger.

Sans écosystèmes sains, nous manquerions de nombreux éléments essentiels pour vivre. Citons par exemple les plantes qui convertissent l’énergie du soleil et la mettent à la disposition d’autres formes de vie ou encore les bactéries et autres organismes vivants qui décomposent la matière organique en nutriments offrant aux plantes un sol sain pour se développer. Les pollinisateurs sont, eux aussi, essentiels à la reproduction des plantes, ce qui garantit notre production alimentaire. Les plantes et les océans agissent comme d’importants puits de carbone et le cycle de l’eau dépend fortement des organismes vivants.

Grâce à la biodiversité, nous disposons d’air pur, d’eau douce, d’un sol de bonne qualité et de la pollinisation de nos cultures. La biodiversité nous aide à lutter contre le changement climatique et à nous y adapter, et réduit l’impact des risques naturels. Travailler avec elle, et non pas contre elle, est à la base des solutions pour répondre aux enjeux environnementaux actuels.

Étant donné que les organismes vivants interagissent dans des écosystèmes dynamiques, la disparition d’une seule espèce peut avoir un impact considérable sur la chaîne alimentaire. Il est aujourd’hui difficile de savoir quelles seraient toutes les conséquences de ces extinctions de masse pour l’homme, mais nous savons qu’aujourd’hui la diversité de la nature nous permet de prospérer.

 

Sources :

  • IPBES Rapport 2019
  • France Culture – Pourquoi protéger la biodiversité ? (18.05.2012)
  • Actualité Parlement Européen
  • Perte de la biodiversité : quelles en sont les causes et les conséquences (Janvier 2020)

 

Pauline HERRMANN – Consultante Développement Durable

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